La révolte de 1975
À la fin des années cinquante, la SOMIVAC (société d’économie pour la mise en valeur de la Corse) rachète quelque 3 000 hectares situés sur la côte orientale entre le Fiumorbu et la Casinca afin d’en confier la culture à de jeunes agriculteurs corses.
Pour ce faire, ils devaient bénéficier de prêts à des taux préférentiels. Mais l’histoire devait en décider autrement. Car l’arrivée des rapatriés provoque un retournement des décisions gouvernementales qui attribuent ces prêts aux Pieds Noirs. Naquit alors un ressentiment chez les jeunes agriculteurs insulaires auxquels ces prêts avaient toujours été refusés. Ils acceptent ainsi difficilement que, par ailleurs, le travail des rapatriés soit montré en modèle pour mieux stigmatiser « la paresse » insulaire. Les deux organisations clandestines reprennent alors les plasticages. S’ensuit le scandale de la chaptalisation vinicole (procédé consistant à ajouter du sucre dans le moût pour doubler la production en vin et ainsi accroître les bénéfices) et des malversations bancaires qui vont faire « exploser la marmite ». Les autonomistes dénoncent ces pratiques avec en tête les frères Simeoni, fondateurs de l’A.R.C. (Action Régionaliste Corse qui devient Azzione per a rinascita di a Corsica). Le 21 août 1975, des militants de l’A.R.C. occupent la cave de l’un de ces viticulteurs présumés escrocs, provoquant l’assaut des gendarmes et la mort de deux d’entre eux. Une semaine plus tard, un CRS est tué à Bastia au cours d’émeutes provoquées par la dissolution en Conseil des Ministres de l’ARC. L’emprisonnement du docteur Simeoni et de nombreux occupants de la cave provoquera une vague de solidarité sans précédent. Dès lors, les jeunes agriculteurs corses vont occuper de nombreuses terres tandis qu’en mai 1976, les autonomistes les plus radicaux créent l’organisation clandestine : u « Fronte di Liberazione Naziunale di a Corsica » (FLNC). Trente ans plus tard, le problème corse n’a toujours pas trouvé de solutions. Les élus traditionnels et la classe politique continentale font endosser aux nationalistes.
Cette permanence de la violence. Ces derniers rétorquant que c’est le sousdéveloppement de la Corse qui permet à la violence de perdurer. Pourtant force est de constater que les différents gouvernements qu’ils soient de droite ou de gauche n’ont eu de cesse de mettre fin au malaise corse en cherchant des solutions institutionnelles : Mai 1976 : alors qu’est créé le Front de Libération Nationale de la Corse, le Président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, reconnaît « l’âme corse ». Fin 1976 : l’île, qui est une région depuis 1975, est divisée en deux départements : Haute-Corse et Corse-du-sud. Mai 1981 : élection de François Mitterrand à la tête de la République française. Mise en place du statut particulier voulu par le ministre de l’intérieur Gaston Defferre, également chargé de la décentralisation. 8 août 1982 : Première Assemblée de Corse, élue au suffrage universel. La liste « Unione di u Populu Corsu » d’Edmond Simeoni obtient 11 % des voix et 7 élus. Cette Assemblée sera dissoute en juin 1984 pour dysfonctionnement. 1984-1996 : cinq nouvelles élections de l’Assemblée de Corse. L’idée nationaliste fait son chemin en culminant en 1992 avec 25 % des suffrages exprimés dispersés sur deux listes qui préfigurent la division sanglante du mouvement nationaliste initial. En 1993, la guerre éclate entre les deux FLNC, le Canal historique et le Canal habituel. Elle fera 14 morts et signifiera le déclin de ce mouvement. Le 6 février 1998, le préfet de la Corse, Claude Erignac, est abattu à Ajaccio. un mouvement clandestin jusqu’alors inconnu revendique l’assassinat. L’île manifeste de manière imposante contre la violence. Mai 1999 : suite à un incendie criminel commis par les gendarmes contre un restaurant de Cala d’Orzu (la fameuse paillote « chez Francis »), le préfet de Région, Bernard Bonnet, est mis en examen et écroué. 1999-2000 : le gouvernement de Lionel Jospin s’engage dans un processus de discussion avec les seuls élus corses, processus qui prendra le nomde « processus Matignon » : rencontres dites de « Matignon », initiées par le gouvernement. Janvier 2002 : la CTC (Collectivité Territoriale de Corse) voit ses compétences considérablement accrues grâce à la loi de décentralisation, conséquence d’un transfert de l’État. Elle a notamment la possibilité de proposer au Parlement des expérimentations législatives. Juillet 2003 : le gouvernement Raffarin a décidé de proposer à la Corse la suppression des Conseils généraux au profit d’une Collectivité Territoriale unique. Le résultat du vote est négatif. L’électorat corse s’est prononcé pour ne pas modifier le système en place. Cela met fin à toute évolution institutionnelle. Avril 2004 : les élections territoriales donnent une courte tête d’avance à la gauche désunie. Les nationalistes jouent la carte de la droite et favorisent l’élection de Camille de Rocca-Serra (UMP) à la présidence de l’assemblée ; Ange Santini (UMP) est élu à la tête de l’exécutif.
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